[Blog] Citations érotiques

10 citations érotiques

Andrea de Nerciat; Catherine Millet; Pierre de Ronsard; Musset; Annie Ernaux; Apollinaire; Alina Reyes; Toni Bentley; Effe Géache; Colette.

Andrea de Nerciat, romans libertins (1776).
 
La foudre au plaisir nous anéantit… Nous goûtâmes mieux, un moment après, les douceurs dont nous venions de nous ouvrir la source. Ce fut alors que nous jouîmes en nous possédant et que nous pûmes apprécier les expressions flatteuses dont nous nous caressions réciproquement pendant que nos âmes se préparaient à une seconde réunion. Le même instant nous priva derechef de toutes la facultés de notre être.

Catherine Millet, La Vie sexuelle de Catherine M., Seuil, 2001.
 
L’oxygène agit sur moi comme un aphrodisiaque. Je ressens ma nudité plus complète en plein air que dans une pièce fermée. […] La moindre caresse capable de réveiller ce passage ignoré qui relie la petite dépression anale au triangle où se rejoignent les grandes lèvres, cette ornière méprisée entre le trou du cul et l’embrasure du con, est une de celles qui m’assujettissent le plus sûrement et […] l’air rendu palpable à cet endroit m’enivre plus que la haute altitude.
 
J’aime offrir l’écartement de mes fesses et de mes jambes à la circulation de l’air.[…] Il doit bien y avoir un lien intrinsèque entre l’idée de se déplacer dans l’espace, de voyager, et l’idée de baiser, sinon cette expression très répandue « s’envoyer en l’air » n’aurait pas été inventée.[…]Les terrasses, les bords de route, les campagnes rases, et tous ces espaces conçus uniquement pour être traversés, halls ou parking, […] sont des lieux […] où il fait bon pour moi d’être, à l’instar de ce qu’ils sont, ouverte.
 

Pierre de Ronsard (1524-1585).
 
Je te salue, ô merveillette fante,
Qui vivement entre ces flancs reluis;
Je te salue, ô bienheureux pertuis,
Qui rens ma vie heureusement constante!
 
C’est toi qui fais que plus ne me tourmante
L’archer volant qui causoit mes ennuis;
T’aiant tenu quatre nuis,
Je sen sa force en moi desja plus lente.
 
O petit trou, trou mignard, trou velu
D’un poil folet mollement crespelu,
Qui à ton gré domtes les plus rebelles;
 
Tous vers galants devoient, pour t’honorer,
A beaux genoux te venir adorer,
Tenans au poin leurs flambantes chandelles.

Musset, sous le pseudonyme Alcide baron de M***,
poème extrait du roman Gamiani ou Deux Nuits d’excès (1840).

 
Chantez, chantez encor, rêveurs mélancoliques,
Vos doucereux amours et vos beautés mystiques
Qui baissent les deux yeux ;
Des paroles du coeur vantez-nous la puissance,
Et la virginité des robes d’innocence,
Et les premiers aveux.
Ce qu’il me faut à moi, c’est la brutale orgie,
La brune courtisane à la lèvre rougie
Qui se pâme et se tord ;
Qui s’enlace à vos bras, dans sa fougueuse ivresse,
Qui laisse ses cheveux se dérouler en tresse,
Vous étreint et vous mord !
C’est une femme ardente autant qu’une Espagnole,
Dont les transports d’amour rendent la tête folle
Et font craquer le lit ;
C’est une passion forte comme une fièvre,
Une lèvre de feu qui s’attache à ma lèvre
Pendant toute une nuit !
C’est une cuisse blanche à la mienne enlacée,
Une lèvre de feu d’où jaillit la pensée ;
Ce sont surtout deux seins
Fruits d’amour arrondis par une main divine,
Qui tous deux à la fois vibrent sur la poitrine,
Qu’on prend à pleines mains !
Eh bien ! venez encor me vanter vos pucelles
Avec leurs regards froids, avec leurs tailles frêles,
Frêles comme un roseau ;
Qui n’osent du doigt vous toucher, ni rien dire,
Qui n’osent regarder et craignent de sourire,
Ne boivent que de l’eau !
Non ! vous ne valez pas, ô tendre jeune fille
Au teint frais et si pur caché sous la mantille,
Et dans le blanc satin
Les femmes du grand ton. En tout tant que vous êtes,
Non ! vous ne valez pas, ô mes femmes honnêtes
Un amour de catin !

Annie Ernaux, Passion simple, 1991.
 
Cet été, j’ai regardé pour la première fois un film classé X à la télévision, sur Canal +.
 
Mon poste n’a pas de décodeur, les images sur l’écran étaient floues, les paroles remplacées par un bruitage étrange, grésillement, clapotis, une sorte d’autre langage, doux et ininterrompu. On distinguait une silhouette de femme en guêpière, avec des bas, un homme. L’histoire était incompréhensible et on ne pouvait prévoir quoi que ce soit, des gestes et des actions. L’homme s’est approché de la femme. Il y a eu un gros plan, le sexe de la femme est apparu bien visible dans les scintillements de l’écran, puis le sexe de l’homme, en érection, qui s’est glissé dans celui de la femme.
 
Pendant un temps très long, le va-et-vient des deux sexes a été montré sous plusieurs angles. La queue est réapparue entre les mains de l’homme, et le sperme s’est répandu sur le ventre de la femme. On s’habitue certainement à cette vision, la première elle est bouleversante.
 
Des siècles et des siècles, des centaines de générations et c’est maintenant seulement qu’on peut voir cela, un sexe de femme et un sexe d’homme s’unissant, le sperme – ce qu’on ne pouvait regarder sans presque mourir est devenu aussi facile à voir qu’un serrement de main. Il m’a semblé que l’écriture devait tendre à cela, cette impression que provoque la scène de l’acte sexuel, cette angoisse et cette stupeur, une suspension du jugement moral.

image érotique

DR.

Guillaume Apollinaire, les 11000 Verges.
 
Le prince approcha son membre du con entrouvert d’Alexine qui tressaillit à cette approche :
– Tu me tues ! cria-t-elle. Mais le vit pénétra jusqu’aux couilles et ressortit pour rentrer comme un piston. Culculine monta sur le lit et posa son chat noir sur la bouche d’Alexine, tandis que Mony lui léchait le troufignon. Alexine remuait le cul comme une enragée, elle mit un doigt dans le trou du cul de Mony qui banda plus fort sous cette caresse. Il ramena ses mains sous les fesses d’Alexine qui crispaient avec une force incroyable, serrant dans le con enflammé l’énorme vit qui pouvait à peine y remuer.
 

Alina Reyes, Le Boucher (Le Seuil) 1988.
 
– Alors je grimpai tout à fait sur lui, appuyai ma vulve contre son sexe, me la frottai contre les bourses et la verge; je la guidai de la main pour la faire pénétrer en moi, et ce fut comme un éclair massif, l’entrée éblouissante du sauveur, le retour instantané de la grâce.
 
– Je relevai les genoux, pliai les jambes autour de lui, et le chevauchai vigoureusement. Chaque fois que, tout en haut de la vague, je voyais sortir sa verge, luisante et rouge, je la reprenais en tâchant de me l’enfoncer plus loin encore.
 
– J’allais trop vite. Il me calma doucement, je dépliais les jambes et me couchais sur lui. Je restais immobile un moment, contractant les muscles de mon vagin autour de son membre.
 
– Il roula sur moi, et me chevaucha à son tour, en s’appuyant sur ses mains pour ne pas m’écraser. Ses bourses frottaient contre mes fesses, à l’entrée de mon vagin, sa verge dure m’emplissait, glissait et glissait sur mes parois profondes, mes ongles s’enfonçèrent dans ses fesses, il haleta plus fort…
– Nous jouissions ensemble, longuement, nos liquides confondus, nos râles confondus, venus du plus loin de la gorge, des profondeurs de nos poitrines, des sons étrangers à la voix humaine.

Toni Bentley, ma reddition (La Musardine).
 
Il me place sur le flanc gauche, deux coussins bien calés sous la hanche, ce qui relève mon cul en une attrayante petite arche oblique. Je pose donc la joue gauche sur le lit, tourne la tête et lève les yeux vers (…). En me regardant, il presse un peu de gel sur deux de ses doigts. Reportant son regard sur mon cul, il l’étale sur mes fesses avec un tel sang-froid que je ne puis croire à la chance que j’ai. Il le fait pénétrer délicatement, fermement, autour de mon trou du derrière, à l’intérieur, garnissant l’entrée, aplanissant le passage.
 
C’est l’heure. Tenant son dard, il le guide vers le creux de mon cul, comme un canoé qui s’engage dans un étroit ravin. Je sens son bout lisse, à la fois dur et satiné au contact de ma peau. Le centre de mon trou du derrière, à la façon d’un aimant, est attiré par la pression qui s’exerce. Nous nous branchons. Sa clé dans ma porte, son anode contre ma cathode, sa prise mâle en ma prise femelle.
 
Et la lumière fut.
 
Pôle contre pôle, il me fourgonne, j’inspire, il pousse, je me relâche, il palpite, je m’ouvre, il pousse, pousse encore, je continbue à m’ouvrir, il s’enfourne, ses yeux sont rivés aux miens. Et il m’envoie à bon port.

Effe Géache, Une nuit d’orgies à Sainte-Pierre Martinique (1ere parution 1892).
 
Ensuite je lui fis savoir que je lui réservais un coup à la paresseuse. Elle accepta toutes mes propositions. Je commençai par me coucher sur le dos, bien bandé; je la fis assoir sur moi en introduisant ma pine dans sa patate et, s’appuyant sur ses deux mains, elle devait mouver beaucoup pour activer le plaisir.
 
Quand elle était en pleine éjaculation, je la couchai sur moi en continuant de lui passer la mèche. Alors je me renversai sur le côté avec elle, tout en lui mordant le con, où elle avait son point de sensibilité. Ce système de forniquer me convenait fort bien.
 
À la seconde reprise, je lui fis mettre le cul au vent, comme une mouche appuyant la tête sur le matelas pour pour la foutre à la boeuf. Avant de commencer, je voulus lui gamahucher l’anus avec ma langue et d’une main lui chatouiller la languette.

Colette « L’ingénue libertine » (1909).
 
Tantôt elle joignait les mains, les rapprochait de sa bouche crispée, et semblait en proie à un enfantin désespoir… Tantôt elle haletait, bouche ouverte, enfonçant aux bras d’Antoine ses ongles véhéments. L’un de ses pieds, pendant hors du lit, se leva, brusque, et se posa une seconde sur la cuisse brune d’Antoine qui tressaillit de délice …
 
Minne, assise au milieu de son lit foulé, écoute au fond d’elle-même le tumulte d’un sang joyeux. Elle n’envie plus rien, ne regrette plus rien. La vie vient au-devant d’elle, facile, sensuelle, banale comme une belle. Antoine a fait ce miracle.

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