Georges Simenon; Salvador Dali; Pascal Quignard; Théophile Gautier; Claudine Galea; Anaïs Nin; Étienne Jodelle; Bret Easton Ellis; Pierre Louÿs; Mellin de Saint-Gelais; Albert Cohen.

Georges Simenon.
Non seulement tout était vrai, mais tout était réel : lui, la chambre, Andrée qui restait étendue sur le lit dévasté, nue, les cuisses écartées, avec la tache sombre du sexe d’où sourdait un filet de sperme.

Salvador Dali.
De toutes les beautés du corps humain, ce sont les couilles qui me font le plus d’effet. J’éprouve à les contempler un enthousiasme métaphysique. Mon maître Pujols disait qu’elles sont le réceptacle des êtres non conçus. Ainsi, évoquent-elles pour moi les invisibles et incorruptibles présences célestes. Moi je déteste celles qui pendent, pareilles à des sacs de mendiants. Il me les faut ramassées, compactes, rondes et dures comme un coquillage double.

Pascal Quignard, Terrasse à Rome, 2000.
Le rêve de Meaume est celui-ci : Il est à dormir dans sa mansarde de Bruges (dans le logement que Jean Heemkers lui a accordé au-dessus de son appartement, au troisième étage de la maison sur le canal). Son sexe se dresse brusquement au-dessus de son ventre. La lumière blanche, épaisse, torride du soleil ruisselle autour du buste nu d’une jeune femme blonde au long cou. La lumière déborde tous les contours de son corps, rongeant les silhouettes de ses joues et de ses seins. C’est Nanni Veet Jakobsz. Elle penche la tête. Elle s’assied sur lui. Elle le plonge en elle d’un coup. Il jouit.

Théophile Gautier, Lettre à la présidente, Voyage en Italie (1850).
De vagues visions de capsules gélatineuses et de racines de fraisiers dansèrent devant mes yeux, et je mis délicatement, dans la main de la jeune personne, ce qu’elle croyait que j’allais lui mettre au cul. Mon index, ou plutôt mon doigt annulaire, convenablement salivé, s’introduisit entre les babouines de sa nature, et quelques frictions voluptueuses sur les petites feuilles du clitoris, développèrent bientôt cet intéressant organe.
Cette jeune élève de Terpsychore, aussi adroite de ses mains que de ses pieds, ramena avec un mouvement lent d’abord, puis précipité, la peau de mon prépuce, d’avant en arrière et d’arrière en avant, sur un rythme qui ressemblait à un air de Giselle, et cet exercice, répété quelque temps, amena, chez elle, une eau claire, une mousse limpide et blanchâtre, et, chez moi, un sperme épais, gluant, plein de grumeaux, et qui avait l’air, dans le creux de sa main, d’un pot de gelée de pommes de Rouen renversé.

Claudine Galea, le bel échange, 2005.
Dans la chambre Pauline est nue, les yeux bandés, agenouillée, main dans le dos, attachée au radiateur.
J’ai donné rendez-vous à dix hommes, à un quart d’heure d’intervalle chacun. Ils entrent dans la chambre, ouvrent leur pantalon et mettent leur queue dans sa bouche.
Suce.
Quand ça ne va pas comme ils veulent, ils la giflent. La collèrent à leur queue en empoignant les cheveux. Elle doit lécher leurs couilles.
Dix minutes chacun. Avant de partir, ils lui passent un gant de toilette sur le visage, ils lui font boire un verre d’eau.

Anaïs Nin, Venus Erotica.
À leur pieds, il y avait une grande fourrure blanche sur laquelle elles se laissèrent tomber, les trois corps ensemble, qui se frottaient l’un contre l’autre pour se sentir seins contre seins, ventre contre ventre. Elles cessèrent d’être trois corps. Elles devinrent bouches, doigts, langues et sens. Leurs lèvres cherchaient d’autres lèvres, un sein, un clitoris. Elles étaient enlacées, bougeant très lentement.
Elles s’embrassaient jusqu’à ce que leurs baisers deviennent une torture et que leur corps s’agite. Leurs mains trouvaient toujours une chair qui cédait, un orifice. La fourrure sur laquelle elles étaient dégageait une odeur animale qui se mélangeait à celle de leurs sexes. […]
Sur le corps abandonné de Bijou, Elena et Leila recommencèrent à s’embrasser, leurs mains se fouillant mutuellement, pénétraient tous les orifices jusqu’à ce qu’Elena pousse un cri. Les doigts de Leila avaient trouvé son rythme et Elena s’agrippa à elle, voulant que son plaisir explose, tandis que ses mains cherchèrent à donner à Leila la même jouissance.
Elle essayèrent de jouir ensemble, mais Elena vint la première tombant comme une masse, Leila tomba à ses côtés, offrant son sexe à la bouche d’Elena, à demi-morte, et donna sa langue à Leila, lécha ses petites lèvres jusqu’à ce que Leila se contracte en gémissant. Elle mordit dans la chair de Leila qui, au paroxysme de la jouissance, ne sentit pas les dents qui s’étaient enfoncées dans sa vulve.



Étienne Jodelle, Amours et autres poésies, oeuvre posthume (1573).
En quelle nuit, de ma lance d’ivoire,
Au mousse bout d’un corail rougissant,
Pourrai-je ouvrir ce boutin languissant,
En la saison de sa plus grande gloire ?
Quand verserai-je, au bout de ma victoire,
Dedans sa fleur le cristal blanchissant,
Donnant couleur à son teint pâlissant,
Sous le plaisir d’une longue mémoire ?

Bret Easton Ellis.
Dans la douche, Bobby me laisse embrasser Jamie et la tête de Bobby est entre ses jambes et les genoux de Jamie fléchissent une ou deux fois et, d’un bras, Bobby la relève constamment et son visage est écrasé contre sa chatte et elle se cambre, s’enfonce sur sa langue, et de son autre main il m’empoigne la bite qu’il savonne, et puis Bobby commence à la sucer et elle devient tellement dure que je peux sentir les pulsations…

Pierre Louÿs.
Je n’aime pas à voir qu’en l’église Saint-Lupe
Une pucelle ardente aux yeux évanouis
Confessant des horreurs, se branle sous sa jupe
Et murmure: « Oh! Pardon… mon Père… Je jouis. »
Je n’aime pas qu’au bal la jeune fille en tulle
Qui m’avoue, en buvant sagement du sirop :
« Quand j’ai beaucoup dansé j’aime bien qu’on m’encule. »
Puis s’excuse : » Oh! Pardon! J’ai dit un mot de trop. »
Je n’aime pas à voir la gosse qui murmure :
« Je marche par la fente et par le petit trou. »
Quand la putain d’enfant n’est pas encore mûre
Et n’a pas un seul poil… je n’ose vous dire où.
Je n’aime pas à voir pendant sa nuit de noces
Un jeune époux trousser la pucelle, et jaunir
En trouvant sur le ventre, autour des poils en brosse,
Trois grands vits tatoués près du mot : « souvenir ».
Je n’aime pas qu’Iris en mousseline bleue
Caresse au bal ma verge en et dise en la baisant
« Je commence toujours les romans par la queue. »
Le mot est vif ma chère, encor qu’il soit plaisant.
Je n’aime pas à voir l’écolière distraite
Qui se branle en tramway comme elle fait chez soi
Puis se trouble, rougit, baisse le nez, s’arrête
Et dit de l’air le plus ingénu : « C’est pas moi ».
Je n’aime pas à voir la suceuse gourmande
Qui sirote le foutre et dit à son amant:
« En reste-t-il encore un peu ? J’en redemande. »
Elle peut bien attendre un quart d’heure, vraiment.
Je n’aime pas qu’à table une infante se serve
Trop de piment, puis sorte au milieu du dîner
En disant tout à coup: « Cette sauce m’énerve !
Je vais chercher quelqu’un pour me faire piner. »
Je n’aime pas à voir la princesse autrichienne
Qui fait raidir le vit de son grand lévrier
Puis se courbe sous lui pour lui servir de chienne
Avant que l’empereur songe à la marier.
Je n’aime pas à voir une vierge qui tangue
Et qui, touchant du con le vit de son danseur
Soupire: « Oh! non Pas ça ! Je n’aime que la langue.
Si vous voulez saillir, faites signe à ma soeur. »
Je n’aime pas à voir la brune secrétaire
Qui suce avec pudeur, affecte un vif émoi
Et se trouble si fort qu’elle crache par terre
En disant: « Oh! pardon ! je me croyais chez moi. »
Je n’aime pas qu’un homme aux brutales caresses
Retrousse une trottin debout dans le métro,
Lui foute impudemment sa pine entre les fesses
Et décharge en disant: « Pardon, je bandais trop. »
Je n’aime pas à voir le potache indocile
Lequel, sachant très bien que ce n’est pas permis,
Couche à poil tous les soirs avec sa soeur Lucile
Et dès qu’elle est enceinte, accuse ses amis.
Je n’aime pas les moeurs des îles Philippines
Où l’on voit en public, sur le seuil des maisons
Des filles s’enfiler avec de fausses pines
Dès qu’elles ont vidé les couilles des garçons.
Je n’aime pas à voir, le soir, à Saint-Eustache
La dévote à genoux que j’encule si bien
Et qui me dit: « Monsieur! comme le foutre tache
Finissez dans ma bouche et nul n’en saura rien. »

Mellin de Saint-Gelais, « Folie », Rondeau de l’amant jouissant (1500).
Comme un cheval qui pâlit à l’étrille
Et comme on voit un hareng sur la grille
Se revenir, et un chapon en mue,
Ainsi j’engraisse et ma couleur se mue
Quand ma mignonne avec moi babille.
Et s’il advient qu’elle se déshabille
Montrant un sein aussi rond qu’une bille,
J’ai un poulain qui se dresse et remue
Comme un cheval.
Il lui hennit, je l’embrasse et la pille
Et le lui montre aussi droit qu’une quille,
Le museau gros comme un bout de massue.
Puis quand c’est fait, au pas, au trop, je drille
Comme un cheval.

Albert Cohen.
Nuits des débuts, longues nuits balbutiantes, incessantes reprises du désir, enlacements, secrets murmures, chocs rapides et lourds, fureurs battantes, Arianne servile, autel et victime, parfois refermant ses dents sur le cou de l’aimé en une morsure plaintive.