Christine Angot; Marquis de Sade; Voltaire; Louis Aragon; Denis Diderot; Stephen Vizinczey; Pierre de Larivey; Anna Rozen; Emile Desjardins; Ovide; Emmanuelle Arsan.

Christine Angot, Rendez-vous, Stock, 2006.
Il m’avait léchée, il était plutôt du genre obstiné, volontaire, il le faisait bien, il baladait sa langue sur mon clitoris délicatement, peu d’hommes me l’avaient fait aussi bien. J’avais juste été surprise quand il m’avait demandé de relever mes poils, pour que sa langue ne soit pas encombrée, de les tenir avec ma main.

Marquis de Sade.
Rudement secouée par le membre énorme dont Roland déchire ses entrailles, malgré l’affreux état où elle est, elle se sent inondée de jets de foutre de son épouvantable enculeur…

Voltaire, La Gaillardise (v. 1730).
Je cherche un petit bois touffu
Que vous portez, Aminthe,
Qui couvre s’il n’est pas tondu
Un gentil labyrinthe.
Tous les mois on voit quelques fleurs
Colorer le rivage ;
Laissez-moi verser quelques pleurs
Dans ce joli bocage.
Allez Monsieur, porter vos pleurs
Sur un autre rivage ;
Vous pourriez bien gâter les fleurs
De mon joli bocage ;
Car si vous pleurez tout de bon
Des pleurs comme les vôtres
Pourraient bien, dans une autre saison,
M’en faire verser d’autres.
Quoi, vous craignez l’événement
De l’amoureux mystère ?
Vous ne savez donc pas comment
On agit à Cythère :
L’amant modérant sa raison,
Dans cette aimable guerre,
Sait bien arroser le gazon
Sans imbiber la terre.
Je voudrais bien, mon cher amant,
Hasarder pour vous plaire,
Mais dans ce fortuné moment,
On ne se connaît guère.
L’amour maîtrisant vos désirs,
Vous ne seriez plus maître
De retrancher de nos plaisirs
Ce qui vous donna l’être.

Louis Aragon, le Paysan de Paris, 1926.
Charme des doigts impurs purifiant mon sexe, elle a des seins petits et gais, et déjà sa bouche se fait familière. Plaisante vulgarité, le prépuce par tes soins se déplie, et ces préparatifs te procurent un contentement enfantin.

Denis Diderot, La Religieuse (écrit en 1760 et publié en 1796).
Jeux sexuels entre la supérieure d’un couvent et une jeune religieuse:
La main qu’elle avait posée sur mon genou se promenait sur tous mes vêtements, depuis l’extrémité de mes pieds jusqu’à ma ceinture, me pressant tantôt dans un endroit, tantôt dans un autre ; elle m’exhortait en bégayant, et d’une voix altérée et basse, à redoubler mes caresses ; je les redoublais ; enfin il vint un moment, je ne sais si ce fut de plaisir ou de peine, où elle devint pâle comme la mort ; ses yeux se fermèrent, tout son corps s’étendit avec violence, ses lèvres se fermèrent d’abord, elles étaient humectées comme d’une mousse légère ; puis sa bouche s’entrouvrit, et elle me parut mourir en poussant un grand soupir.

Stephen Vizinczey.
Comme ses doigts effleurèrent par mégarde mon membre en érection, elle mit les mains sous son petit derrière et détourna la tête en susurrant de façon presque inaudible : « Ne fais pas attention. Vas-y. »

Pierre de Larivey, Une femme qui pile (1570).
Je vis ces jours passez une fort belle garce
Négligemment coiffée, assise sur du foin,
Ayant ses deux genoux l’un de l’autre si loin
Au large escarquillez qu’ils occupoient la place.
Ses cuisses elle ouvroit d’une si bonne grace
Qu’on voyoit entre deux, vers le haut, en un coin,
Un trou large et ouvert à y mettre le poin,
Mais faisoit, ce semble, une laide grimace.
Joyeuse, elle tenait à belles plaines mains
Une chose gros et long d’un quartier pour le moins
Qu’elle mettoit dedans la mine asseurée ;
Et, remuant tousjours, si fort elle pressoit
Que jamais en repos elle ne le laissoit
Qu’une douce liqueur elle n’en eut tirée.

Les jeux du plaisir et de la volupté » ed. la Musardine.
– Une partouze, Nicole…, un soir au Bois ! … où j’ai joué la Nymphe violée par deux satyres !
– Oh, deux ! Ensemble ?
– Bien sûr. L’un m’enculait, l’autre me baisait. J’étais entre eux, suspendue en l’air, mes jambes ployées et ramenées aux épaules. J’étais complètement nue et bien éclairée par les phares de l’auto braqués sur notre groupe. Et mon mari était dans le ravissement de donner le spectacle de mon double accouplement à une dizaine de ses amis et à quelques étrangers de marque. Alors tout à coup, la police est survenue. Et tu comprends, maintenant, pourquoi mon divorce – ce divorce imposé par nos deux familles – a été jugé à huis clos.
– Oui, tout s’éclaire… Mais dis-moi : tes deux satyres, c’était en même temps ? Tu as trouvé ça bon ? Tu as eu du plaisir ?
– Ne m’en parle pas. Un plaisir fou. Tu vois la scène : ces deux hommes en habit et moi nue entre eux, avec leurs vits dans mon derrière et dans mon conin. Ah ce que j’ai pu jouir ma chère. Jouir ! Tu n’en as pas idée, et figure-toi ma veine, Nicole, une veine inouïe : jouir juste avant l’arrivée des agents. Ah, que je te baise, Chérie !
– Et moi… crie-t-elle tout à coup, en extase, moi aussi, Suzy, moi aussi, je jouis, je jouis…

Anna Rozen « plaisir d’offrir, joie de recevoir (ed. La Dilettante, 1999).
Un sexe dans une main, mon autre pressant la courbe creuse d’une aine nerveuse. La douceur un peu timide du brin tendre qui vient succéder à l’énergie décidée du blond pointu. Toutes mes places sont prises, je ne suis lâchée que pour être reprise. Mains affairées, bouche émerveillée…

Emile Desjardins « mes étapes amoureuses » (1890).
Sur le cunnilingus :
À peine ai-je posé ma bouche sur ces deux lèvres merveilles qu’elles s’entrouvent sous mon baiser, sans le secours de mes doigts. Une fine odeur de violettes se dégagent de l’asile entrouvert, ce qui me prouve que la gentille soubrette soigne sa bouche d’en bas comme celle d’en haut.
Vite ma langue pénètre dans l’asile entrebâillé et rencontre, tout à l’entrée, le petit prisonnier fièrement développé qui semble venir au devant de mes lèvres, et je prodigue, au centre des délices, de suaves caresses. Je n’eus pas loin à aller pour y amener la volupté qui provoqua dans cette jolie bouche du milieu une émission de perles d’amour, en même temps que des soupirs enchantés dans celle d’en haut.
Je quitte l’embouchure pour contempler mon oeuvre; le petit bouton, qui frétille toujours, est tout luisant d’une petite écume blanche et les poils en bordure sont constellés de perles. »

Ovide « les Métamorphoses » (10 av.JC.).
Enfin, lorsque les deux jeunes corps réunis jouissent de leur vigueur, lorsqu’ils frémissent aux premiers accès du plaisir, que Vénus est sur le point d’ensemencer le champ de la femme, les amants se serrent étroitement, joignent leurs lèvres; leurs bouches confondent leurs haleines (…).
Ils s’unissent intimement sous les noeuds de l’amour, quand leurs membres, ébranlés par la secousse du plaisir, se résolvent en une liqueur abondante. Enfin les flots réunis ont rompu leur barrière…

Emmanuelle Arsan « Emmanuelle » (1959).
Les deux hommes éjaculèrent simultanément, le sam-Io au fond du corps d’Emmanuelle, lui-même défaillant sous une autre poussée. Emmanuelle cria plus fort encore qu’elle n’avait crié jusqu’à présent, sentant monter dans sa gorge le goût âpre de la semence qui l’inondait. Sa voix ricochait sur l’eau noire, sans qu’aucun pût dire à qui ce cri s’adressait : -J’aime! J’aime! J’aime!