Descriptions des composantes qui définissent et construisent la notion d’amour au sein d’un couple.
« Il y a toujours un peu de folie dans l’amour. Mais il y a toujours aussi un peu de raison dans la folie. » Friedrich Nietzsche
Les poètes et les écrivains ont tenté pendant des siècles de définir l’amour, tandis que les scientifiques n’ont commencé à se pencher sur la question que beaucoup plus tard. Cependant nombre d’entre nous savent intuitivement que l’amour est un objectif majeur dans la vie, d’ailleurs l’amour au sens romantique du terme est une notion qui imprègne la musique, les romans, la télévision et le cinéma.
Sans amour, on ne peut pas survivre en tant qu’espèce. Fondamentalement, sur le plan de l’évolution, l’amour aide à coopérer pour subsister, apprendre, se reproduire et élever ses enfants.
L’amour est la base de l’attachement, distinct de la pulsion sexuelle. Les processus neurochimiques de l’amour sont plus complexes et durent plus longtemps que ceux de l’attirance sexuelle.
En plus de l’amygdale qui libère les substances neurochimiques telles que la dopamine, molécule biochimique qui influe sur le comportement, peut procurer une certaine euphorie et activer l’envie de nouer des relations avec une autre personne, et l’ocytocine qui aide à réduire les inhibitions pour former une relation, l’amour implique également le néocortex, la partie du cerveau responsable de la cognition sociale, c’est là que réside la confiance, l’empathie, la coordination et la planification de notre vie avec celle de la personne aimée.
Dans l’ouvrage « Décodeur sexuel » (First éditions), Yves-Alexandre Thalmann précise :
« L’état amoureux résulte, sur le plan biologique, de l’activation de certains mécanismes. La production accrue, entre autres :
– de dopamine qui motive à retrouver l’être aimé.
– d’endorphines, qui procurent du plaisir lorsque nous sommes en sa compagnie.
– d’ocytocine, qui nous amène à nous attacher à lui.
Lorsque nous sommes amoureux, notre cerveau et notre corps fonctionnent dans un état particulier : nous avons plus d’énergie, beaucoup moins de sommeil, nos pensées tournent la plupart du temps autour de l’être aimé, nos sommes prêt à faire des folies pour lui, etc. »
L’attraction amoureuse pour une personne est guidée par des facteurs autres que les émotions spontanées, elle peut se baser sur un attrait physique immédiat mais plus largement, nos expériences passées et notre génétique construisent la représentation consciente et inconsciente des traits recherchés chez un(e) partenaire, nos préférences qui s’expriment lorsque l’on cherche à faire une rencontre amoureuse sont le fruits d’une élaboration sur la durée.

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Comment s’exprime l’amour au sein d’un couple ?
Le respect d’autrui et de sa différence.
Bien que l’amour implique des compromis entre les partenaires, une personne amoureuse de vous ne vous demandera jamais de changer radicalement ce que vous êtes, qui vous êtes, votre personnalité (dans la mesure où celle-ci n’est pas problématique dans la relation) pour vous aimer. L’amour implique de s’engager avec une altérité, un autre être humain dont la nature profonde possède ses spécificités propres.
Comme l’indique le sexologue Philippe Brenot dans Le sexe et l’Amour (ed. Odile Jacob) : « il faut apprendre (…) à entendre un imaginaire qui n’est pas le sien, à tenter l’articulation de deux mondes qui n’ont pas le même langage. C’est le défi de l’amour, de la rencontre de deux êtres qui partagent un temps de vie. »
« Si tu m’aimais, tu serais … » ne relève pas de l’amour, mais plutôt d’une forme de manipulation ponctuée d’injonctions.
Prendre soin d’autrui.
Les anciens Grecs disposaient de plusieurs noms différents pour désigner les différentes formes que revêt la notion d’amour, notion protéiforme qui englobe plusieurs types de rapport amoureux à autrui bien précis : la passion, l’affection pour la famille, le désir et l’affection en générale, … Mais toutes les définitions de l’amour possède un point en commun : prendre soin de son/sa partenaire. Les passions peuvent aboutir à des situations enflammées avec la personne aimée mais une relation qui laisse place à la violence physique ou psychologique ne relève en rien d’une relation amoureuse.
L’attirance.
La chimie des corps peut ouvrir la voie vers l’acte sexuel mais sans un désir romantique pour une autre personne dans sa globalité, la relation se résume au sexe pour le sexe, ce qui n’a rien de condamnable mais ne relève pas de la notion d’amour. La chimie et l’attirance physique sont importants, mais le vrai amour comprend également l’engagement, la confiance et le respect mutuel.
L’attachement.
Comme le lien mère-enfant, l’attachement vient après l’attraction initiale. L’attachement est l’amour au long terme qui apparaît et s’instaure dans une relation amoureuse au bout d’un un à trois années (parfois plus tôt et très rarement après), et vous saurez que vous avez trouvé la bonne personne lorsque vous pourrez honnêtement dire : «J’ai vu le pire et le meilleur que tu as à offrir, et je t’aime toujours », à condition que le partenaire soit dans la réciproque et donc dans le même état d’esprit vis à vis de vous.
L’engagement.
Quand il s’agit des affaires de coeur, l’engagement signifie beaucoup plus que la simple monogamie, cela implique que votre partenaire se soucie de vous et constitue un soutien quelles que soient les circonstances de la vie. L’engagement implique aussi de voir le bon côté des choses et à tourner en qualité ce qui pourrait être perçu comme un défaut par d’autres personnes qui n’éprouvent pas les mêmes sentiments que vous pour votre partenaire.
L’intimité.
C’est une composante essentielle de toutes relations. Afin de mieux connaître l’autre, il vous faut également partager des aspects de vous-même, dévoiler votre personnalité, cette révélation, quand elle est réciproque, construit le lien affectif. Au fil du temps, ce lien se fortifie et même évolue, de sorte que les deux personnes fusionnent ou pour le moins se sentent de plus en plus proches l’une de l’autre, avec un fort sentiment d’attachement renforcé par les souvenirs communs des expériences de vie partagées.
Dans le « Le Sexe et l’Amour » (éd. Odile Jacob), le psychiatre et sexologue Philippe Brenot précise :
Deux théories s’affrontent depuis des millénaires, celle de l’amour-manque, qui voit s’exacerber le sentiment lors de la séparation, et celle de l’amour-présence dont le sentiment disparaît avec l’absence.
La première est fondée sur l’idée classique de l’attachement des moitiés complémentaires, le mythe d’Aristophane que nous rapporte Platon dans le Banquet : des êtres doubles coupés par leur milieu cherchent désespérément la moitié manquante, image symbolique du couple fusionnel occidental. L’amour est alors défini par le manque que procure l’absence de l’autre au sujet désirant.
La seconde théorie est un alibi justifiant les attachements multiples : « Je peux facilement oublier un amour par un nouvel amour », conseil que donnait déjà Ovide aux matrones romaines dans ses Remèdes à l’amour. Il n’y a évidemment pas de solution universelle et aucun ne fait le choix conscient de ses réactions, nous réagissons en fonction de notre personnalité aux questions que posent l’amour.
Plutôt que de s’inscrire dans l’une de ces deux positions extrêmes, il se réfère à la conception de la relation à l’autre du philosophe Spinoza :
L’amour est pour lui (Spinoza) une façon de se réjouir de l’existence de l’autre : « tu es la cause de ma joie, je me réjouis que tu existes et vives ce que tu désires. Je ne demande rien puisque ton existence suffit à satisfaire mon désir ».