L’agencement des corps, des désirs et plusieurs formes de complémentarités dans les jeux du sexe et de l’amour.
Le coît et ses combinaisons.

Des Gentils Membres et des Gentils Orifices, voilà ce qu’il faut pour faire un joli club.
(Coluche)
Chez Vatsyayana (auteur du Kamasutra), l’agencement des corps en vue du plaisir sexuel obéit à 3 composantes essentielles : la dimension des organes, l’ardeur du désir et la durée de l’acte. Ces trois caractéristiques réparties chez l’homme et la femme ouvrent des possibilités de combinaisons multiples plus ou moins adaptées et appropriées.
Chez l’homme, un grand sexe correspond au cheval, le moyen au taureau et le petit au lièvre. Chez la femme, un sexe peu profond renvoie à l’antilope, un sexe moyennement profond à la jument et un sexe très profond à l’éléphante.
Les deux autres composants concernent tout autant les hommes que les femmes : d’une part la libido (libido féminine et libido masculine) et l’envie de faire l’amour accompagnée de la propension à répondre favorablement aux avances : petite, moyenne, grande, et d’autre part la durée de l’acte sexuel : rapide, moyenne, longue. Trois composantes avec pour chacune trois paramètres.

Pour Vatsyâyana, trois combinaisons sont sources de plaisirs modérés si on se réfère à la physiologie des sexes : le petit sexe masculin avec le petit sexe féminin, moyen avec le moyen, et grand avec grand. Six autres accouplements sont qualifiés d’inégaux ; en premier lieu lorsque que le sexe de l’homme est supérieur à la physiologie féminine, il est question d’accouplement supérieur, source d’une jouissance aigüe.
Dans le cas inverse, lorsque la physiologie féminine prend le dessus sur celle de l’homme, le plaisir que l’on peut attendre de ces agencements est qualifié d’insignifiant.
Il n’est question ici que de la dimension des organes sexuels, il convient aussi d’ajouter les deux variables que sont l’intensité de la libido et la capacité à maintenir la durée de l’acte qui élargissent l’éventail des agencements sexuels possibles et des satisfactions que l’on peut en attendre, par exemple une courte durée de l’acte chez un homme n’est pas à même de provoquer un plaisir intense chez la femme.
Complémentarités entre les être humains.

D’après le Petit Traité de l’Erotisme, « divers types de complémentarités sont possibles entre les être humains du point de vue de leur sexe et de leur genre. Selon la biologiste américaine Anne Fausto-Sterling, il y aurait d’ailleurs plus que deux sexes – au moins cinq, selon elle, lorsqu’on considère les intersexués et, parmi ces derniers, les intersexués davantage hommes ou davantage femmes.
Si on s’en tient néanmoins à deux sexes (homme et femme) et qu’on y joint trois genres (masculin, féminin et androgyne), on obtient de nombreux couplages possiblement complémentaires. Par exemple : une femme féminine et un homme masculin, une femme féminine et un homme androgyne, une femme masculine et un homme masculin, un homme masculin et un homme féminin, deux hommes masculins, un homme masculin et un homme androgyne, une femme féminine et une femme masculine, deux femmes féminines, deux femmes androgynes, et ainsi de suite.
Hormis leur sexe et leur genre, un grand nombre d’autres caractéristiques distinguent les individus. On peut mentionner leurs attributs physiques, leurs facultés intellectuelles ou mentales, leur tempérament, leur passé ou leur expérience de vie, leurs aptitudes physiques ou sexuelles (y compris celles qu’on leur prête), leur statut social, etc. La liste de toutes les complémentarités possibles sur les plans physique, psychologique et relationnel est infinie ».
Géométrie de l’infidélité.
Des conjoint(e)s, des amant(e)s, des conjoint(e)s d’amant(e)s,… l’infidélité peut prendre un infinie variété de situations et de configurations, d’agencements amoureux et de figures libres licencieuses et coquines.

Fantaisies amoureuses.
Citation de Michel Onfray extraite de l’ouvrage « Le Souci des plaisirs : Construction d’une érotique solaire ».

« Retenons chez ce philosophe extravagant (Charles Fourier dans « le nouveau monde amoureux » 1817) cette série d’idées révolutionnaires : le tempérament sexuel de chacun ne connaît pas de double : toutes les fantaisies existent dans la nature; aucune n’est amorale ou immorale; une combinaison libidinale existe pour chacun, quelque soient les caprices ou les lubies – il suffit d’organiser l’agencement des « attractions passionnées » dans un phalanstère.
Naturellement nous recherchons le plaisir; toute passion est bonne en soi; il n’existe que de mauvais usages de bonnes passions; toute passion engorgée produit une frustration qui génère la négativité individuelle et sociale; la communauté doit inventer et prévoir tous les agencements possibles et imaginables afin de faciliter leurs réalisations – à deux, à trois, dix ou plus, les très jeunes (majeurs) avec les très vieux, de forts laids avec des beautés, les « flagellistes », les « vieux poupons », les « grattes-talons », les « pinces-cheveux « , les « claquistes », les « saphiénistes », l’ « angélicat », « le faquirat », le « bayaderat », le « céladonisme », l’ « union angélique », les tenants de l’ « amour puissanciel », des « orgies de musée », des « polygamies d’inceste » parmi des centaines d’autres cas pourront ainsi réaliser leur fantaisie.
L’impératif catégorique fouriériste ? Ce qui fait plaisir à plusieurs personnes sans préjudicier à aucune est toujours un bien sur lequel on doit spéculer en Harmonie, où il est nécessaire de varier les plaisirs à l’infini » (Les nouveaux mondes amoureux). En matière de relation sexuelle, il n’existe qu’une vérité : trouver un « comanien », autrement dit quelqu’un qui a la même manie que soi, et construire sa relation « sans préjudicier » à qui que ce soit… »