L’éjaculation précoce est l’une des plaintes les plus fréquentes que les hommes portent sur leurs performances sexuelles et une dysfonction masculine courante qui affecte probablement chaque homme à un moment de sa vie.
Il s’agit d’une éjaculation incontrôlée, avant ou juste après la pénétration avec une stimulation minimale, qui interrompt prématurément l’acte sexuel et empêche d’accéder à un plaisir jugé et ressenti comme satisfaisant par les deux partenaires.
On estime que 30% des hommes souffrent d’éjaculation précoce à un moment donné de leur vie, ce qui est souvent la cause de détresse importante, de perte de confiance et de dégradation de l’image de soi et de la vie amoureuse du couple.
L’éjaculation est considérée comme prématurée, en fonction de différentes cultures, selon les pays et de l’avis de nombreux médecins, quand elle survient de 30 secondes à 4 minutes après le début d’un rapport sexuel, cependant la plupart des experts médicaux ont tendance à considérer que l’éjaculation est dite prématurée lorsque le rapport sexuel dure moins de deux minutes.
Une éjaculation est qualifiée de précoce quand elle se produit avant 20 mouvements de va-et-vient lors de l’acte sexuel.
Cependant, dans l’ouvrage « Le Sexe et l’Amour » (éd. Odile Jacob) Philippe Brenot souligne la dimension subjective de ce trouble :
Il n’y a pas de définition unique de l’éjaculation précoce, ni un temps, ni un nombre de mouvements coïtaux, ni un pourcentage de satisfaction de la partenaire. Il s’agit plutôt d’une notion subjective, celle d’une éjaculation survenant dans un délai insupportable pour l’homme ou la femme.
L’éjaculation précoce peut commencer dès le début de la vie sexuelle, généralement à l’adolescence lors du premier rapport sexuel. Elle est plus difficile à traiter et a souvent des causes psychologiques plus profondes. Certaines mauvaises habitudes contribuent également à ce problème comme par exemple se masturber en éjaculant le plus rapidement possible afin d’éviter de se faire surprendre par un membre de sa famille.
L’éjaculation trop rapide arrive aussi parfois plus tard dans la vie et est habituellement déclenchée par des facteurs psychologiques (émotivité ou problèmes relationnels) ou par des causes physiques (le diabète ou l’hypertension artérielle).

Causes et conséquences de l’éjaculation précoce.
L’éjaculation précoce empêche les partenaires de vivre une sexualité épanouissante et d’apprécier pleinement les jeux de l’amour, entraînant blessures psychologies et frustrations au sein du couple.
L’éjaculation précoce peut avoir de nombreuses causes, elle peut se produire avec un nouveau partenaire ou à la suite d’un long délai après la dernière éjaculation.
Les facteurs psychologiques tels que l’anxiété, la culpabilité ou la dépression peuvent provoquer une éjaculation prématurée, anxiété augmentée par la crainte de connaître à nouveau ce problème, réitérant ainsi une expérience sexuelle insatisfaisante. Dans certains cas elle peut être liée à une cause médicale comme des problèmes hormonaux, des lésions ou à l’effet secondaire de certains médicaments.
Dans la très grande majorité des cas, la cause de l’éjaculation précoce est psychocomportementale, par un manque de perception des sensations sexuelles prenant sa source dans un défaut du processus d’apprentissage des réflexes sexuels ne leur ayant pas permis de développer leur capacité à percevoir et à situer les sensations sexuelles nécessaires au contrôle éjaculatoire.
« Le Sexe et l’Amour » Philippe Brenot (éd. Odile Jacob)
Éjaculation précoce : retarder son éjaculation, les solutions.
Avec l’expérience sexuelle et l’âge, les hommes apprennent souvent à retarder leur orgasme et à prolonger le rapport.
Un médecin peut recommander des techniques spécifiques qui impliquent l’identification des signaux et le contrôle des sensations qui mènent à l’éjaculation et d’autres moyens qui permettent ralentir ou arrêter la stimulation. D’autres options supposent l’utilisation du préservatif pour réduire la sensation au niveau du pénis ou d’essayer d’autre position lors des rapports sexuels. Les thérapies comportementales peuvent aider à réduire l’anxiété liée à l’éjaculation précoce. Enfin il existe également des crèmes et des gels qui, appliqués sur le pénis avant l’acte sexuel, peuvent être utilisés pour traiter ce problème en réduisant les sensations.
Stop and go.
Certaines techniques comportementales se révèlent souvent efficaces pour retarder l’éjaculation, telle que la technique dite du « start et stop » (ou « stop and go ») qui peut être acquise par un entraînement en couple (en l’intégrant dans ses jeux sexuels) ou en solo, elle consiste à stimuler le pénis juste avant le « point de non-retour » – le moment où vous vous sentez sur le point d’éjaculer -, puis d’interrompre la stimulation pendant 30-60 secondes, et recommencer dès lors que vous avez repris le contrôle et que l’excitation est suffisamment retombée. Répéter ce processus 4 à 5 fois.
Extrait de « Osez réussir votre vie sexuelle » Marc Dannam (La Musardine) :
« Une petite masturbation est l’occasion idéale pour tester et améliorer la manière de maîtriser l’éjaculation. L’exercice du stop and go comme son nom l’indique, est une succession de montée en puissance – on se branle jusqu’à être à deux doigts d’éjaculer-, puis de ralentissement des mouvements pour retarder l’échéance.
Cet exercice n’a que des avantages, à commencer par celui immédiat d’amplifier et de prolonger le plaisir en jouant de la frustration.

Selon le Dr Marc Bonnard dans « Osez maîtriser votre éjaculation » (La Musardine)
L’objectif de cet exercice est le repérage des sensations prémonitoires de l’orgasme et d’arrêter toute stimulation à la survenue de chaque imminence éjaculatoire. Tout comme l’enfant qui ouvre une parenthèse dans son espace imaginaire, quand il accorde un instant au réel en s’arrachant un bref instant à la réalité du jeu symbolique avec ses amis, l’homme doit par moment faire la même chose pendant l’acte sexuel avec sa partenaire. S’il est trop vite excité, il sera en effet comme dans un « état second », où, à la merci d’être emporté par ses sensations trop voluptueuses et trop intenses, il va vite ne plus rien maîtriser avec l’arrivée trop rapide de son éjaculation ».
Squeeze.
La technique du « squeeze » s’effectue en serrant le pénis avec des doigts au niveau d’une zone située entre la hampe et le gland pendant environ 30 secondes, juste avant d’être sur le point d’éjaculer, ceci empêche l’éjaculation mais peut affecter l’érection, au moins jusqu’à ce qu’elle soit de nouveau stimulée. Il convient de répéter ce processus 4-5 fois, ou autant de fois que nécessaire jusqu’à ce que vous décidiez de ne plus retarder l’orgasme.
Préservatif.
L’utilisation d’un préservatif plus épais pour diminuer la sensibilité du pénis est envisageable mais ne peut être considérée comme une solution à long terme surtout dans le cadre d’une vie de couple.
Gel ou spray insensibilisant.
Ces crèmes anesthésiques généralement à base de lidocaïne, appliqués localement sur le gland, ont un effet anesthésique qui désensibilise le pénis.
Médicament.
La dapoxétine est le premier médicament destiné à traiter l’éjaculation précoce, il a été mis sur le marché européen en 2013.
Les solutions évoquées ci-dessus offrent de bons résultats mais ne traitent pas des problèmes sous-jacents.
Psychothérapie.
Une psychothérapie comportementale est conseillée lorsque les rapports sexuels sont liés à des soucis de performance qui engendrent de l’anxiété ou à une forte émotivité (des techniques de relaxation afin de juguler l’émotivité sont susceptibles d’être profitables aux personnes trop émotives).
La psychothérapie peut intervenir aussi pour un réapprentissage sensoriel et la prise de conscience des sensations intimes qui annoncent la venue de l’éjaculation.
Il faut également noter que l’éjaculation précoce a souvent des conséquences psychologiques importantes sur l’image de soi, son rapport à l’autre et à la sexualité, dès lors un soutien psychologique est susceptible de constituer une aide précieuse pour y faire face.
Il existe donc des traitements et des exercices qui peuvent être mis en oeuvre pour stopper l’éjaculation précoce, tout en gardant à l’esprit que, chez la plupart des hommes, ce qui fonctionne vraiment est en fait une combinaison de toutes ces techniques avec un soutien psychologique ou le suivi d’un sexologue si cela est nécessaire, on trouve très souvent chez les éjaculateurs précoces un mélange de causes psychologiques et comportementales à la source de leur problème.