Il existe plusieurs facteurs qui contribuent à la façon dont on ressent un orgasme, l’une des variables est le type de stimulation physique et la partie du corps concernée.
Un orgasme vaginal définit le type d’orgasme que les femmes peuvent connaître lors d’une pénétration vaginale, sans stimulation du clitoris. Cependant le vagin a peu de terminaisons nerveuses et par conséquent ne peut déclencher un orgasme par lui-même. Au lieu de penser le vagin et le clitoris comme des entités distinctes, il serait plus opportun de les appréhender comme un réseau de nerfs et de muscles.
La séparation totale entre le vagin et le clitoris repose souvent sur une incompréhension de ce qu’est vraiment le clitoris, de sa forme et sa grandeur anatomique : le système clitoridien entoure le vagin, l’urètre et l’anus. Plutôt que de définir un orgasme comme « vaginal » ou « clitoridien », il serait plus logique d’englober cette notion d’orgasme : l’orgasme vaginal amplifiant en un écho profond l’orgasme clitoridien, ceux-ci ne forment qu’un seul et même orgasme.
En réalité, il n’existe qu’un seul type d’orgasme. (…) il n’existe pas deux catégories de femmes, il n’y a pas de vaginales ni de clitoridiennes, mais seulement des femmes qui vivent, comme elles le peuvent, une sexualité qui ne leur a pas été expliquée, et à qui l’on a dit qu’une femme ne pouvait être que vaginale ou clitoridienne. Alors elle s’observe, se pense d’une catégorie et s’y conforme.
Si, au contraire, comme on le sait aujourd’hui, il n’existe pas deux sortes de femmes dans la jouissance mais une seule, le fait même de lever ces catégories (vaginales ou clitoridiennes) suffit souvent à être libérateur des comportements.
« Le Sexe et l’Amour » Philippe Brenot (éd. Odile Jacob)
Un peu d’histoire : pour Sigmund Freud, une femme « mature » a des orgasmes seulement par stimulation de son vagin, et non par stimulation du clitoris. C’est ce qu’on appelle communément l’ « orgasme vaginal » où l’accent est mis sur la stimulation et le rôle du pénis de l’homme lors de la pénétration, le plaçant ainsi au coeur de la satisfaction sexuelle des femme. Il est important de souligner que Freud n’a pas fondé sa théorie sur une étude de l’anatomie des femmes, mais plutôt sur des hypothèses basées sur une prétendue infériorité des femmes par rapport aux hommes.
En réalité, la stimulation du clitoris et, pour certaines femmes, la pression dans ou autour du vagin, peut causer une sensation de plénitude pelvienne avec une tension du corps susceptible de provoquer un pic de plaisir. Au cours de l’excitation sexuelle, le clitoris enfle, les vaisseaux sanguins qui irriguent toute la région pelvienne gonflent également, provoquant un engorgement et un sentiment de plénitude et de sensibilité sexuelle.
Les lèvres vaginales intérieures gonflent et changent de forme, et le vagin s’étend vers le haut, ce qui provoque un changement de position l’utérus. L’orgasme est le point où toute la tension accumulée est soudainement libérée en une série de contractions musculaires involontaires et agréables, dans le vagin, l’utérus et/ou le rectum.
Il existe plusieurs façon de stimuler le clitoris : par frottement, léchage, pression du corps ou en utilisant un vibromasseur, certaines positions favorisent aussi sa stimulation, notamment lorsque la femme chevauche son partenaire et que son clitoris frotte sur l’os pubien de l’homme ou lorsque l’homme se positionne au dessus de sa partenaire de manière à ce que son os pubien appuie et frotte contre la zone du clitoris de sa partenaire. L’un des deux partenaires peut aussi stimuler le clitoris avec les doigts lors des rapports pour favoriser l’arriver de l’orgasme.
Cependant, bien que le contact direct sur le gland du clitoris est source de plaisir intense et permet à un grand nombre de femmes de monter en excitation, pour d’autres il peut être si sensible que de le toucher directement est susceptible d’engendrer une vive douleur même avec un lubrifiant.
Mis à part la stimulation du clitoris, il est important de ne pas oublier un autre organe majeur impliqué dans l’orgasme : le cerveau.
Les émotions, les perceptions, les souvenirs, le sens que nous donnons au sexe et par lequel nous le vivons, ont une influence tout aussi sensible sinon plus que la simple apparence physique par exemple, la stimulation mentale où l’imagination stimule le cerveau, peut réellement aider à déclencher un orgasme. Savoir se détendre, lâcher-prise et se concentrer sur les sensations, plutôt que de s’inquiéter sur la manière dont on fait l’amour et le souci de performance, sont en mesure de favoriser les processus du cerveau qui mènent au plaisir.

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Dans l’ensemble, les orgasmes sont affaire d’individus et relèvent de cas particuliers, il n’existe pas de modèle unique concernant l’art et la manière d’atteindre le sommet du plaisir sexuel. Aussi, comme le précise Janine Mossuz-Lavau la Vie Sexuelle en France :
« Les écrivaines françaises, parmi lesquelles, à l’époque, on peut citer Christiane Rochfort, Anne Leclerc, Hélène Cissous, ou encore Luce Irigaray, plaident pour leur part en faveur d’une conception de la sexualité féminine plus vaste et plus complexe. » La femme a des sexes partout » écrit Luce Irigaray. Elles ont suivi une logique non pas de substitution d’une norme à une autre ou d’exclusion de certaines au profit d’autres, mais de multiplication et d’extension. Sans récuser le plaisir vaginal, elles l’ont replacé au sein d’une multitude d’autres plaisirs, lui ôtant ainsi un « primat » et faisant accepter l’idée que la sexualité d’une femme ne peut être localisée, limitée à une zone précise quelle qu’elle soit, mais qu’elle anime l’être tout entier. »
Évocation du plaisir clitoridien et vaginal par Janine Mossuz-Lavau dans l’ouvrage « La vie sexuelle en France » (éd. Points) :
« Alors plaisir clitoridien ? plaisir vaginal ? ou les deux, mon général ? J’ai un peu l’impression que cette question n’a pas une importance fondamentale dans les discours des femmes qui déclarent le plus souvent ressentir les deux, expliquer que l’un ne peut survenir sans l’autre (le plaisir vaginal n’arrive pas « comme ça »), ou alors font une distinction entre un plaisir clitoridien « plus nerveux » et un plaisir vaginal « plus général ».
Certaines peuvent très précisément se définir, disant qu’avec tel partenaire, elles sont passées du « stade » clitoridien au « stade » vaginal, mais l’impression qui domine est qu’elles perçoivent le plaisir comme résultant d’un tout, dont l’apothéose se produit lors d’un orgasme vers lequel le cheminement n’est pas facilement disséqué étape par étape ».