« Faire l’amour » rime-t-il avec toujours ? L’activité sexuelle au fil du temps.
Une étude publiée dans le British Medical Journal montre que l’intérêt pour la sexualité demeure dans chaque tranche d’âge mais qu’après 75 ans, soit pour des raisons médicales ou par la perte du partenaire, seulement 39 % des hommes et 17% des femmes ont encore des rapports sexuels.
Cette conclusion est néanmoins trompeuse car de nombreuses personnes âgées ne disposent pas d’un partenaire régulier, de fait parmi les personnes de 75 ans et plus, 46% des hommes et 41% des femmes ont affirmé être sexuellement actifs, ce qui représente près de la moitié des personnes interrogées, la conclusion est la suivante : la vie sexuelle ne se termine pas à 70 ans !
En outre l’étude ne portait que sur une sexualité avec un partenaire, si nous incluons le sexe en solo, alors la proportion de personnes âgées sexuellement actives, intéressées par le sexe, augmente considérablement, plusieurs études suggèrent que la masturbation est un phénomène commun dans ces tranches d’âges plus avancées.
Les amants « sans affection organique ni prise de médicament n’ont en général aucune difficulté sexuelle et aucune modification du désir jusqu’à un âge très avancé, si l’érotisation de leur couple est suffisante. (…) Dans l’absolu, le sexe n’a pas de limite, et les hommes et les femmes très âgés peuvent être épanouis en amour quel que soit leur âge s’ils ont des comportements amoureux qui leur conviennent. » (P. Brenot « Le Sexe et l’Amour »)
Le vieillissement ne signifie donc pas l’arrêt de la sexualité, mais implique des changements, avec une moindre importance accordée au contact pénis-vagin. Heureusement, il existe aussi des moyens d’apprécier le sexe sans pénétration, par un regain de sensualité (les caresses par exemple, la sensualité est ce qui caractérise la sexualité), la masturbation en couple, les sextoys,…

L’avancée dans l’âge modifie donc progressivement la sexualité : les femmes de plus de 40 ans commencent à ressentir les changements dus à la ménopause telle que la baisse de la lubrification vaginale, l’acte sexuel peut devenir dès lors inconfortable, avec une fréquente baisse de libido et une diminution de l’estime de soi.
Les hommes de plus de 40 ans remarquent qu’ils mettent plus de temps à être excités, que l’obtention d’une érection est plus lente et qu’elle est moins ferme et durable.
Aussi, les hommes et les femmes sont plus susceptibles d’avoir un état de santé qui nécessite de prendre des médicaments pouvant avoir des effets secondaires invalidants sur leur sexualité.
Après 50 ans (voir l’article le sexe après 50 ans) et, à fortiori, après 60 ans, ces changements s’intensifient. Certaines femmes peuvent connaître une sorte d’atrophie vaginale qui ajoute de l’inconfort lors de l’acte de pénétration, même avec un lubrifiant, et la perte du conjoint limite souvent les possibilités d’avoir des rapports sexuelles. Chez les hommes, l’avancée en âge s’accompagne d’un accroissement des problèmes d’érection.
Certaines personnes âgées qui ne sont pas préparées aux changements qui impactent leur sexualité peuvent être tentées de mettre à terme à leur vie sexuelle plutôt que de s’adapter à la nouvelle donne, or cet arrêt n’est en rien une fatalité, beaucoup de personnes de plus de 70 et 80 ans sont sexuellement actives et heureuses dans leur sexualité.
Le sexe n’est pas réservé aux jeunes, la pulsion érotique dure toute la vie et là où il y a un désir, il existe toujours un moyen d’y répondre, avec en outre de nombreux traitements pour faire face aux problèmes sexuels qui s’accentuent avec l’âge et de plus en plus de possibilités aujourd’hui de faire des rencontres.
Aucune raison ne justifierait l’arrêt de la sexualité en dehors des empêchements mécaniques dus à la limitation de la fonction sexuelle par des maladies organiques ou psychiques. Ces affections ne représentent cependant pas une cause de l’arrêt de la sexualité. Sexualité ne veut pas dire coït, ni simplement pénétration. La sexualité est faite d’amour et de tendresse, d’érotisme entre deux êtres qui ont choisi de partager cette intimité.
Cela montre bien que rien ne s’oppose à la continuité d’une sexualité entre deux personnes qui s’aiment et se désirent, tout au long de leur vie.
« Le Sexe et l’Amour » Philippe Brenot (éd. Odile Jacob)